Le Bénin a annoncé ce lundi 6 mai 2024 sa décision de bloquer l’embarquement du pétrole nigérien à partir de la station terminale de l’oléoduc Niger-Bénin à Sémè-Podji. Une décision qui constitue une sorte de pression sur le régime militaire à Niamey face à son refus de rouvrir les frontières terrestres avec le Bénin. En réaction à ce blocage, le pouvoir de Niamey envisage contourner le port de Cotonou et continuer par vendre leur pétrole.
Le tension entre le Bénin et le Niger est loin de connaître son épilogue. Depuis le coup d’Etat du 23 juillet 2023, les deux pays entretiennent une relation brouillée, d’abord caractérisée par l’application par Cotonou des sanctions économiques imposées par la CEDEAO, puis par le refus des militaires de rouvrir les frontières terrestres avec le Bénin, malgré les tentatives de Patrice Talon pour remettre balle à terre.
Si les autorités du Niger ont rouvert leurs frontières avec le Nigeria, une semaine après la levée des sanctions par la CEDEAO, elles maintiennent celles avec le Bénin toujours fermées. Comme motif de cette intransigeance, le régime militaire de Niamey évoque la présence de militaires français sur le sol béninois.
Face à cette asphyxie économique maintenu sur le Bénin, par le Niger principal client extérieur du Port de Cotonou, les autorités béninoises optent pour une réponse du berger à la bergère.
Dans une note adressée ce lundi 6 mai à l’ambassadeur de Chine près le Bénin et China National Oil & Gas Exploration and Development Corporation, la société de gestion du pipeline, le pouvoir de Cotonou interdit l’exportation pétrole en direction du Niger à partir de sa plateforme de Sèmè-Podji.
«Les navires sont interdits de charger le pétrole tant que Niamey ne rouvre pas sa frontière avec Cotonou », peut-on lire dans la correspondance.
Il s’agit d’une pression économique dont le but est de contraindre le Niger à rouvrir ses frontières avec leur pays.
Alors que cette décision est censée faire fléchir le régime militaire en place à Niamey, celui-ci semble ne pas vouloir abdiquer et entend poursuivre le bras de fer. D’après certaines sources, le CNSP envisage des actions hardies telles que la création d’une raffinerie et d’un port sec de vente de pétrole brut.
Le gouvernement nigérien entend également se concerter avec leur partenaire la Chine pour étudier la possibilité de dévier le pipeline vers le port de Lomé afin de continuer par bénéficier de leur pétrole.
Nana MOUSSA