Niger: CEDEAO/ Menace d’intervention militaire. Bola Tinubu serait-il en train de vouer ses homologues aux gémonies?

Bola Tinubu

Le Président nigérian Bola Tinubu serait-il en train de fausser compagnie à ses pairs de la CEDEAO? Tout porte à croire qu’il n’est plus très partant pour une intervention militaire au Niger, comme  initialement convenu .  Du moins c’est l’impression qu’il donne quand on constate qu’il ne prend plus le devant des choses comme ce fut le cas au  début de la crise du Niger.

En effet, au lendemain du coup d’état contre Mohamed Bazoum le 26 juillet dernier, la CEDEAO après avoir  fermement condamné l’acte a pris une batterie de sanctions contre le peuple nigérien. A l’issue d’une session extraordinaire à Abuja, il a été donné aux putschistes, un ultimatum de 7 jours pour réintégrer le président déchu dans ses fonctions.

Après l’expiration de cet ultimatum et face à l’inflexibilité des nouvelles autorités du Niger, certains chefs d’Etat se sont empressés pour annoncer qu’ils étaient prêts à déployer leurs armées. Depuis lors, la  déclaration de Bola Tinubu, (l’un des fers de lance de la menace) dans ce sens se fait attendre. A l’issue d’un sommet tenu la semaine dernière, le Président nigérian semble avoir changé de langage. Certes le recours à la force armée n’est pas écartée, à en croire son porte-parole, mais le Yoruba a ramolli ses positions. Il dit privilégier la diplomatie pour résoudre la crise.

Selon les analystes, Bola Tinubu conscient du caractère impopulaire des sanctions prises contre le Niger et de la menace militaire, se cache derrière le refus de son sénat pour abandonner ses homologues de la CEDEAO. Les observateurs estiment que sa décision première avait été prise dans un moment de fureur, emporté par un sursaut d’orgueil de Chef d’Etat « L’un de nous est retenu en otage par sa garde présidentielle. C’est une insulte pour chacun de nous. Nous devons agir fermement pour restaurer la démocratie », a-t-il lancé le 30 juillet.

Il savait pertinemment que son peuple et les institutions nigérianes (pour des raisons géopolitiques et morales), s’opposeraient à cette option. Car le Nigeria et le Niger sont des pays frères et voisins partageant une longue frontière et les mêmes communautés notamment haoussa, la même religion (islam). Ne pouvant passer outre les institutions de son pays au risque de subir la désaveu de son peuple , et face à la pression de la France, le dirigeant nigérian se retrouve pris en étau.

A défaut de se dédire, Bola Tinubu préfère assouplir sa position mettant ainsi ses homologues qui se sont prononcés publiquement sur l’intervention militaire dans une situation indélicate et d’inconfort.

 

Mariétou CAMARA

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