La France n’a plus de représentation diplomatique au Niger. Ce mardi 02 janvier 2024, l’ambassade de la France à Niamey a officiellement fermé ses portes « jusqu’à nouvel ordre », pour incapacité de fonctionner. Un événement qui vient mettre fin à 5 mois de bras de fer installé entre les deux Etats au lendemain des événements du 26 juillet 2023, qui ont fait chuter le régime de Mohamed Bazoum.
« L’ambassade de France au Niger est désormais fermée jusqu’à nouvel ordre. En effet, depuis cinq mois, notre ambassade subit de graves entraves rendant impossible l’exercice de ses missions: blocus autour de l’ambassade, restrictions des déplacements pour les agents et refoulement de tous les personnels diplomatiques qui devaient rejoindre le Niger », indique un communiqué du Quai d’Orsay.
A Niamey la capitale, l’on s’en frotte les mains. Pour la société civile, il va falloir que le Niger fasse aussi pareil en fermant son ambassade en France, ensuite paver la voie à une nouvelle relation basée sur l’égalité.
« Nous sommes dans le cadre d’une relation bilatérale, entre deux Etats, la France et le Niger. Si la France estime qu’elle n’a plus d’intérêts au Niger et qu’elle décide de fermer ses frontières, je crois que la réciprocité voudrait aussi que le Niger de son côté crée les conditions de la fermeture de son ambassade. À partir de cet instant, où nous nous sommes dit que désormais nous nous inscrivons dans une logique d’indépendance totale, d’une indépendance comme son nom l’indique, il va falloir qu’on le ressente dans les actes et actions de tous les deux », suggère Anassa Djibrilla, acteur de la société civile.
De son côté, le M62 se réjouit de cette fermeture avant d’indiquer qu’ il est désormais temps de traiter sur un pied égalitaire avec la France et les autres Etats.
« Cette ambassade aurait dû être fermée depuis fort longtemps par nos autorités. Parce que nous en ce qui nous concerne au niveau du mouvement M62 nous avons demandé à l’Etat du Niger de rompre tout rapport politique et économique avec la France, jusqu’à ce qu’il y ait des nouvelles autorités qui puissent comprendre le sens de notre combat et traiter d’égal à égal avec nous », estime Abdoulaye Seydou, Coordonnateur M62.
Pour M. Seydou, l’ère du chantage appartient au passé. Si la France ferme son ambassade en représailles, elle doit faire de même pour ses compagnies au Niger.
« Si c’est une mesure de rétorsion par rapport au choix souverain du peuple nigérien, de prendre en charge désormais son indépendance et sa souveraineté, la France ferait mieux de mettre un terme aux contrats léonins qu’elle a imposée à notre pays depuis bientôt 60 ans. Ce serait quand même juste pour le peuple nigérien qu’en partant avec son ambassade, que la France parte aussi avec ses entreprises qui exploitent notre pays depuis fort longtemps ».
Pour l’heure à Niamey, la décision réjouit plus d’un au sein de la société civile, des politiques et de la population. Toutefois, certains acteurs estiment s’attendre à de représailles de la part de la France, et appellent tout de même à rester vigilants.