Après trois jours de prière demandé la semaine dernière en signe de solidarité à l’intention du «peuple frère du Niger», la Conférence des Evêques du Togo (CET) s’est prononcé en début de semaine sur les mesures prises par la CEDEAO pour obliger les putschistes à rétablir l’ordre constitutionnel.
Le clergé togolais lance un appel à l’endroit des Chefs d’Etat et décideurs de la sous-région et revenir sur les sanctions imposées, afin de faciliter la rencontre des protagonistes pour la tenue d’une table ronde.
« Ce n’est un secret pour personne que la situation économique de nos pays est très fragile. Nos populations ne sont pas encore sorties de la crise sanitaire. Alors que nous vivons encore dans cette crise, la guerre de l’Ukraine, qui se déroule à des milliers de kilomètres, a elle aussi des conséquences sur la vie déjà précaire des habitants de nos pays, et ceci sur tous les plans. Voilà que, nous-mêmes, chez nous, nous proposons des solutions de crise qui amèneront la violence et la guerre », a estimé Mgr Benoît Messan Alowonou, président de la Conférence des évêques du Togo (CET).
« La conférence des évêques du Togo, dans sa déclaration sur la situation qui prévaut au Niger, suggère la levée des sanctions imposées par la Cédéao. Les victimes de ces sanctions ne sont pas seulement les cibles visées, mais plutôt toute la population de notre région» martèle l’évêque catholique.
Voici l’intégralité de la déclaration de la Conférence des évêques du Togo (CET) sur la crise du Niger
À vous tous, frères et sœurs dans le Seigneur, Hommes et femmes de bonne volonté, Acteurs et décideurs politiques, Considérant notre appel pour un Triduum de prières et d’adoration sur toutes les paroisses de notre pays le Togo, les 8, 9 et 10 août 2023 en faveur du pays frère le Niger, en réponse à l’invitation à la solidarité et à la prière du Président des Conférences Episcopales Réunies de l’Afrique de l’Ouest (CERAO/RECOWA),
Considérant l’exhortation à la retenue, au discernement et au bon sens dans la gestion de la situation socio-politique au Niger, des Cardinaux, Archevêques et Evêques des CERAO/RECOWA aux autorités politiques, en date du 04 août 2023, Considérant la réelle interdépendance entre nos populations des pays de l’Afrique de l’Ouest, sur le plan sociale, économique et sécuritaire, Vu les conditions de vie déjà précaires de la population nigérienne et de celles de nos pays, exposées et menacées par le terrorisme et l’extrémisme violent,
Vu que les violences et les guerres sont toujours source de fragilisation et de paupérisation des populations, Nous, Archevêque et Evêques du Togo, réaffirmons au nom de l’Église Famille de Dieu au Togo, notre solidarité avec le peuple du Niger et en appelons à la conscience et au sens de responsabilité des décideurs politiques et les invitons à privilégier coûte que coûte la voie diplomatique de négociation, de dialogue et de médiation dans la recherche de solution à la crise qui prévaut au Niger, en écoutant les cris de détresse du peuple nigérien.
Dans le but de converger les protagonistes de la crise vers une table de négociation, nous suggérons la levée des sanctions imposées par la Communauté Economique Des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont les premières victimes sont les populations civiles, notamment les femmes et les enfants.
Nous saluons la courageuse, sage et prudente position des dirigeants de beaucoup de pays dont le Togo, des leaders politiques et de la société civile de notre sous-région, qui privilégient la voie du dialogue dans le discernement et la responsabilité devant l’histoire.
Nous remercions tous ceux qui ont prié dans notre pays durant les trois jours susmentionnés, et qui continuent de porter la situation du Niger dans leurs prières au quotidien. En réitérant notre proximité aux Evêques et au peuple frère du Niger ainsi que notre attachement à la valeur de la paix sociale, nous continuons d’implorer du Seigneur la grâce d’un retour rapide au calme et à la compréhension mutuelle, pour le bien de tous.
Pour rappel, suite au coup d’Etat militaire qui a renversé le 26 juillet le président Mohamed Bazoum, la CEDEAO a pris une panoplie de lourdes sanctions économiques, énergétiques et sanitaires contre le Niger que d’aucuns qualifient d’ «inhumaines». Ceci pour obliger les putschistes à réintégrer Bazoum dans ses fonctions. Face à l’inflexibilité de la junte au pouvoir, l’organisation ouest-africaine brandit la menace d’une intervention militaire.