Crise du Niger: A quoi jouent la CEDEAO et ses organes?

CEDEAO

Il est évident qu’au sein de la CEDEAO, les décideurs ne parlent plus le même langage. A l’issue de la session ordinaire du 10 décembre dernier à Abuja, les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’organisation ouest-africaine ont pris un certain nombre de décisions concernant le Niger (dont la désignation de 3 Chefs d’Etat comme médiateurs), qui ont fait espérer un début de dénouement de la situation; quelques jours plus tard, c’est la cour de justice de la sous-région qui fait entendre un autre son de cloche. Une situation qui embrouille l’opinion publique qui s’interroge sur l’origine de cette dissonance de voix au sein de l’institution.

Ce n’est pas trop tôt, mais la  CEDEAO a enfin reconnu le coup d’Etat contre Mohamed Bazoum. « Jusqu’à sa 64è session ordinaire, la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement voyait dans la situation survenue au Niger une tentative de coup d’Etat, et considérait toujours Mohamed Bazoum comme le Président de la République (…). Le sommet du 10 décembre a reconnu que le gouvernement de M. Bazoum avait effectivement été renversé par un coup d’Etat militaire« , peut-on lire dans un communiqué rendu public le 14 décembre par la commission de la CEDEAO, qui annonce alors la suspension du Niger de tous ses organes décisionnels.

Au lendemain de cette déclaration et sur la même question, la Cour de justice de la Communauté prend le contre-pied de la commission. Dans une délibération, la Cour en plus de demander la libération immédiate de Mohamed Bazoum, exige qu’il soit réinstallé dans ses fonctions. « C’est Mohamed Bazoum qui représente l’État du Niger », il « demeure président de la République », a laissé le juge qui a délibéré à Abuja.

Cette déclaration a laissé plus d’un perplexe. Pour bon nombre d’observateurs, ce spectacle que donnent la CEDEAO et ses organes  est une manifestation évidente d’un désaccord profond au sein de l’organisation sur la situation du Niger. Ceci témoigne qu’au sein de la CEDEAO, il y’a d’un  côté un groupe de décideurs qui trouve plus judicieux de tourner la page Mohamed Bazoum, de ramollir la tension afin d’aller de l’avant, et de l’autre un autre groupe qui préfère camper sur ses positions, bloquant ainsi l’évolution du débat sur la crise.

 Ce spectacle est non seulement déshonorant pour l’institution, mais prouve à suffisance qu’il y’a certains au sein de la communauté ouest-africaine à qui profite l’état actuel de la crise du Niger. De ce fait ils sont prêts à bloquer délibérément ou sous influence l’évolution des choses, pour satisfaire leurs intérêts malsains, au détriment du peuple nigérien et de l’unité sous-régionale.

Raima KONATE

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