Mettre le doigt dans le nez, bien qu’étant une mauvaise habitude dégoutante, peut paraître anodin. Et pourtant il est mauvais pour la santé et constitue notamment un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer, selon un groupe de scientifiques.
Se curer le nez facilite l’entrée de germes et la propagation dans le cerveau, de bactéries et de virus responsables d’inflammations voire de démences comme la maladie d’Alzheimer, peut-on lire dans une récente étude publiée par un groupe de chercheurs de l’Université Griffith. Selon cette recherche publiée dans la revue Scientific Reports, mettre le doigt dans le nez est favoriser le voyage d’une bactérie du nom de Chlamydia pneumoniae dans le cerveau à travers les voies nasales.
Une déduction faite à partir de l’inoculation de ladite bactérie dans les voies nasales de souris. Laquelle a permis aux chercheurs de découvrir le mécanisme à l’origine de l’infection cérébrale.
« En isolant C. pneumoniae vivant des tissus et en utilisant l’immunohistochimie, nous montrons que C. pneumoniae peut infecter les nerfs olfactif et trijumeau, le bulbe olfactif et le cerveau en 72 h chez la souris« , indiquent les scientifiques.
En effet, c’est dans le cerveau que la bactérie Chlamydia pneumoniae (un type de bactérie pouvant provoquer des infections des voies respiratoires) « crée des marqueurs qui sont un signe révélateur de la maladie d’Alzheimer« , précisent-ils.
Autre constat, des accumulations de bêta-amyloïde (une protéine qui s’agrège sous forme de plaques dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer) ont également été détectées dans le système olfactif des souris sur lesquelles sont opérés les tests. Or, une fois parvenu au cerveau, ces plaques perturbent la capacité de raisonnement et la mémoire des patients. C’est la raison pour laquelle « le fait de se toucher le nez ou de s’arracher des poils du nez n’est pas une bonne idée« , insiste le professeur St John, directeur du Clem Jones Center for Neurobiology and Stem Cell Research et co-auteur de l’étude.
Toutefois, des travaux complémentaires doivent être réalisés pour valider cette première thèse.
« Nous devons reproduire ces travaux chez l’homme et confirmer si la voie nasale fonctionne de la même manière. Ce que nous savons, c’est que ces mêmes bactéries sont présentes chez l’homme », ajoute-t-il.
Il faut souligner que ce n’est pas la première étude qui fait un lien entre une infection virale à une neuroinflammation.
« De nombreuses théories existent à ce sujet. Toute infection qui resterait un peu trop localisée déclencherait un processus inflammatoire au niveau du cerveau. Les traces de cette infection provoqueraient ensuite un processus immunologique chronique. Un mécanisme peu étonnant lorsque l’on sait que les neurones olfactifs présents dans le nez sont branchés au cerveau. C’est d’ailleurs l’hypothèse mise en avant pour le Covid« , précise le chef du service de soins de suite et réadaptation Alzheimer en gériatrie à l’hôpital Paul-Brousse (AP-HP).